KURIOSITÉ

Cabinet de création et de curiosité

Cette Kurieuse Dame de fer fête ses 130 ans

« Nous verrons s’allonger comme une tache d’encre l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée ».

C’est par cette phrase édifiante que se concluait la lettre de protestation des artistes et intellectuels les plus influents de l’époque envers le projet de construction de la Tour Eiffel ! Parmi eux : Zola, Garnier ou encore Maupassant !

Mais voilà notre Dame de fer a accueilli son premier public il y a 130 ans, et fête son anniversaire ce mercredi 15 mai 2019. Sa construction a commencé le 1er juillet 1887 pour s’achever le 31 mars 1889 (21 mois de travaux !) par une fête d’inauguration somptueuse. 50 ingénieurs et près de 300 ouvriers ont participé au chantier pour ériger la Dame de fer qui devait être démontée par la suite et qui a failli être vendue à deux reprises à des ferrailleurs.

Heureusement, cela n’a pas été le cas, car elle est une curiosité à elle toute seule, que ce soit par sa construction, prouesse architecturale pour l’époque, ou par son histoire (je ne parlerai pas de son histoire facile à trouver dans pas mal d’ouvrages mais plutôt des petites choses comme les anecdotes, les choses à savoir ou ses secrets).

Commençons par sa couleur.Avant d’avoir l’actuelle (marron dégradé en trois tons, du plus foncé en bas au plus clair en haut.), la Tour Eiffel a d’abord été peinte en rouge, puis en jaune, puis en ocre…

• 1887/88 : Peinture « rouge Venise », appliquée en atelier avant montage des éléments.

• 1889 : Application d’une couche très épaisse « brun rouge ».

• 1892 : La Tour devient « ocre brun ».

• 1899 : Pose de 5 couleurs dégradées du jaune orange à la base au jaune clair au sommet. C’est à partir de cette campagne que le cycle de 7 ans est retenu pour le renouvellement de la peinture.

• 1907-1917-1924-1932-1939-1947 : La couleur s’appelle « jaune brun ». La campagne de 1917 connaît un retard dû à la guerre.

• 1954-61 : Nouvelle couleur pour la Tour Eiffel qui devient « rouge brun ».

• Depuis 1968 : La couleur « brun Tour Eiffel » est choisie pour son harmonie avec le paysage parisien.

Autre petite particularité : au dernier étage se trouve l’ancien appartement de Gustave Eiffel. Aujourd’hui, on peut y découvrir les statues de cire de Gustave Eiffel et Thomas Edison en pleine discussion. Il y a pourtant fort à parier que le constructeur n’y a jamais vraiment vécu puisque cet espace a été utilisé comme station météorologique puis comme laboratoire pour les premiers tests de TSF. 

Et juste au dessus, à l’origine, le phare de la Tour était placé dans un petit wagon sur rails qui tournait autour du sommet pour éclairer Paris. Ce n’est qu’en 2000 que le dispositif a été modifié : 4 projecteurs fixes, situés chacun sur un côté de l’édifice, se relaient la nuit venue.

Tout aussi passionnant : de 1925 à 1934, Citroën s’est offert une publicité en écrivant son nom sur la Tour Eiffel en lettres lumineuses (250 000 ampoules et 600 km de câbles électriques).

Le saviez-vous ? Les illuminations et scintillements que vous pouvez désormais voir toutes les heures sur la Tour Eiffel devaient être temporaires. Elles nécessitent quelque 20 000 ampoules, même si elles sont rarement allumées toutes en même temps. 

Lors de grands événements, elle peut se parer de couleurs et ressort encore davantage dans le paysage. 

Au passage : Il est interdit de diffuser une image de la Tour Eiffel illuminée la nuit. En effet, les illuminations sont une oeuvre protégée par les lois de la propriété intellectuelle.

Autre petite curiosité : il existe une cheminée au pied de la Tour Eiffel. Rares sont ceux qui la remarquent derrière le pilier ouest et pourtant elle est bel et bien là depuis 123 ans ! Cette tourelle en briques rouges, cachée dans un parc entre quelques arbustes, date de l’époque de la création de la Tour donc de 1887. Sa fonction était purement industrielle et non décorative car elle était reliée à la salle des machines située sous le pilier sud.

Pour finir, la Tour Eiffel reste un emblème pour les créateurs de SF et de l’univers du Steampunk : tantôt passerelle pour un autre Univers (Tomorrowland), tantôt créée en double (Avril et les mondes truqués), tantôt attache pour des dirigeables (Effluvium), elle est objet de fantasmes et d’imagination.

Je vous laisse avec ces petits exemples et les formes qu’a eu la Tour Eiffel sur le papier avant d’avoir sa silhouette actuelle.

Autres anecdotes:

–    La première femme qui fit l’ascension des 1665 marches de la tour Eiffel, en 1889, fut une certaine Madame Sommer, de Paris.

–    Sur le registre ouvert au public durant la première exposition universelle, on lut d’amusants commentaires: «Pour une fois, je suis au-dessus de mon colonel», signe un caporal du 24e R.I. «Plus je vois la tour Eiffel, plus je reconnais l’inutilité décourageante des hauts talons», écrit Bloumette, piqueuse de bottines. «Du haut de cette tourelle, je vois le dos de l’hirondelle» (Adam Louis).

–     En 1912, un tailleur de Longjumeau expérimenta, à partir du premier étage de la tour, un costume d’homme-oiseau doté de voiles en caoutchouc et de courroies de cuir. En s’écrasant sur le sol, il fit un trou de 37 cm.

–      Pour le 85e anniversaire de la tour Eiffel, une éléphante du cirque Bouglione en grimpa les marches jusqu’à ce même premier étage. A pattes.

–      Parmi les nombreux suicidaires qui ont enjambé ses rambardes, les annales retiennent un miracle. Le cas d’une chanceuse anonyme, que la presse baptisa Christiane. Le 6 novembre 1964, elle atterrit, après un saut de 57 mètres, sur le toit d’une Dauphine qui amortit le choc, ce qui lui sauva la vie…

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